Clara et Ido ont un usage plus classique encore, pourrait-on dire, au regard du «métier» qu’ils mettent en oeuvre. La peinture se construit chez eux à partir d’une stratification, d’une superposition de gestes et de temps fractionné qui emprunte aux techniques classiques leur répertoire. Coller, enduire, poncer, recouvrir, dessiner, peindre non pas dans une logique moderniste et formaliste, mais pour ré-inventer un niveau de réalité. Clara porte cette logique jusqu’à un terme ultime; celui de la feuille d’or qui renvoie à la peinture pré-renaissante et du tableau qui échappe au plan pour devenir un moulin à images. Un labeur considérable pour aboutir à des images infimes est sa façon singulière d’être radicale. Son iconographie résonne d’autant plus fortement qu’il évoque avec finesse les “déjà-vu“ nombreux que nous accumulons au cours de nos expériences visuelles. Ido parle pour son ensemble important de petits tableaux de “human patterns“. Des motifs humains, des humains réduits à des motifs? Traduire est trahir et il appartient au regardeur de décider s’il regarde le plein ou le vide, le sens ou le non-sens. Pour autant Ido ne réduit pas cela à une logique binaire. La forte présence de faux bois, de faux marbres, l’intrusion récente de quelques animaux (insectes, reptiles) rend ces peintures plus complexes malgré la simplicité évidente, un brin joueuse de nos sens. Ne vous fiez pas aux apparences, en dépit dela maigreur de sa mise en oeuvre (dessin au crayon et lavis de couleur) Ido parle de peinture.
Daniel Schlier , Peintre et professeur en charge du groupe de recherche Peinture(s). Décembre 2013