Mémoire (extrait)

Mes peintures naissent souvent d’une idée qui s’impose et devient mon fil rouge pour avancer. Je ne raconte pas d’histoires, je crée une situation. À partir d’une idée, je réalise une banque d’images : dessins, photos trouvées, prises de vues… Je définis une structure qui permet de faire résonner ces images, de les libérer du sens que je leur donne initialement et dont le spectateur aura une perception certainement différente. Ces images produites se font écho les unes aux autres. De l’inconscient au conscient, je ne crois pas livrer d’images au spectateur avec des intentions précises, ni lui fournir des clefs de lecture : je cherche d’abord à m’adresser à la part instinctive de chacun…

Selon Roland Barthes, le temps du music-hall serait celui de l’immédiateté, tandis que le temps du théâtre, est celui de la narration, de l’épopée. Ainsi, mes images ne racontent pas mais livrent bel et bien une bataille comme au cirque où un saut périlleux n’est pas raconté, il a, simplement, lieu. Une image m’apparaît, je la note. Ce processus me permet de fixer des instants.

Pour mes derniers fixés sous verre, une foule se dessine de loin et, de près, notre oeil rencontre chacun de ceux qui la constituent. Nous observons leurs postures, imaginons peut-être leur psychologie. Ils sont à l’image de mon parcours, des mythologies de mes origines comme de mes différents déplacements. Ma peinture n’est pas un renouvellement formel, néanmoins, il y a une infinité de thèmes et de matières à explorer. Cela me suffit pour créer.

Clara CORNU 2018